RDR architectes

La nouvelle habitation familiale de l’Estancia Morro Chico est érigée sur une colline offrant une vue panoramique sur le vaste territoire patagonien vallonné, ses plaines, ses forêts de ñires, et sur la précordillère des Andes en arrière-plan. Sa tour-mirador s’élève comme une nouvelle référence dans le paysage puissant de la steppe patagonienne. Dans ce panorama qui évoque l’immensité, les forts vents façonnent les formes qui définissent le paysage de la steppe, ses collines arrondies et ses ñires trapus. De grands massifs épars de pierre émergent, leur géométrie plus anguleuse faite de droites et d’arrêtes contrastant avec les formes des collines adoucies par le vent. Inspiré par ce décor particulier, le projet revisite le type des constructions traditionnelles en tôle, héritage constructif des premiers colons, l’adaptant aux conditions techniques et fonctionnelles actuelles. Les façades se présentent comme une grande enveloppe se déployant autour de l’espace habitable. Les volumes se densifient vers le centre, avec ses lanterneaux et ses belvédères, s’estompant en périphérie dans leurs pans latéraux. La palette des matériaux - la tôle en aluminium, la pierre des sols, le béton du socle, et le bois qui grisera avec le temps - emprunte au paysage les différentes nuances et tonalités des roches et des montagnes environnantes. Ces matériaux garantissent en outre une bonne résistance au climat rigoureux, aux rayons UV et à la corrosion de l’eau et du vent. Les ouvertures vitrées sont concentrées dans les parties mieux protégées de la maison, leurs encadrements et revêtements en bois articulant l’intérieur et l’extérieur. Les menuiseries en aluminium ont été choisies pour leurs qualités techniques, une bonne étanchéité, une bonne résistance aux rigueurs du climat – des vents à plus de 90 km/h et des températures extérieures de -20°C - et une facilité de manipulation, ainsi que pour la finesse de leurs éléments encadrant le paysage.

Le bâti complète la bande urbanisée qui accompagne la route de Cojonnex depuis l’Ecole Hôtelière de Lausanne, dont il renforce la cohérence et marque l’achèvement. Les trois bâtiments s’organisent autour d’une place, qui constitue le pendant de l’espace central articulant les trois bâtiments pour étudiants voisins. Le positionnement et l’orientation des volumes bâtis privilégient la perméabilité fonctionnelle et visuelle vers les bois du Jorat. Leur volumétrie légèrement fragmentée répond à l’échelle du contexte, cherchant en outre à établir un rapport équilibré avec les deux villas présentes sur le site. Les trois bâtiments, au bénéfice du label Minergie-P-Eco©, abritent 90 appartements à loyer abordable. L’immeuble qui borde l’aire naturelle protégée à l’est et ferme le dispositif bâti, concentre les 4 pièces traversants, alors que les deux autres bâtiments accueillent principalement des appartements de 2 et 3 pièces. Les aménagements extérieurs conçus par l’Atelier du Paysage accompagnent et renforcent les qualités d’implantation du projet ainsi que sa relation au contexte naturel environnant. De grands arbres indigènes apportent une échelle végétale au bâti, alors que des massifs d’arbustes et de fleurs constituent des filtres entre les bâtiments et les cheminements, et apportent une dimension contemporaine et poétique à ce nouveau parc. La place centrale accueille une aire de jeu qui déborde sur la butte antibruit, ainsi qu’une fontaine ludique, œuvre artistique de l’atelier Schlaepfer-Capt. Financée par le Fonds « Plus SCHL » cette réalisation est destinée à promouvoir la valorisation des espaces communs ou paysagers, afin d’offrir aux habitants un environnement bâti de qualité, propice à la création de lien social et au partage d’activités. La palette de matérialité des façades puise dans le caractère rural environnant, associant bardage en bois et enduit, ancrant plus encore ce projet dans le contexte du Chalet-à-Gobet.